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Productivité Innovation

S’allier pour accélérer le virage technologique

Études de cas - 2023/04/27
Productivité Innovation

Résumé de la problématique

Les entreprises Abipa International et Groupe Meloche sont des fabricants de pièces d’avion qui servent une clientèle internationale. Les deux entreprises avaient déjà intégré des technologies numériques dans leurs usines respectives quand elles ont décidé de collaborer pour progresser dans leur transformation vers le 4.0. Elles ont démontré qu’il est non seulement possible pour deux entreprises concurrentes de travailler main dans la main pour innover, mais aussi que la mutualisation de leurs expériences permettait d’obtenir des résultats plus rapides et à valeur ajoutée que si elles avaient travaillé chacune de leur côté. Pour assurer le succès de cette collaboration, il importe de mettre en place les conditions gagnantes.

Apprentissages clés
1. Bien définir le projet de mutualisation : une étape essentielle.

La collaboration entre Abipa International et Groupe Meloche s’est amorcée en novembre 2018. Avant de se lancer dans l’aventure, les deux partenaires ont pris le temps de jeter les bases du projet. Des discussions menées dans le cadre de l’initiative MACH FAB 4.0 d’Aéro Montréal ont d’abord permis de cerner les enjeux communs, de définir les besoins et de s’entendre sur la marche à suivre. « Mutualiser sa démarche de transformation numérique, ça reste tout un défi, affirme Normand Sauvé, vice-président, Innovation et Infrastructures du Groupe Meloche. L’appui de la haute direction de chacune des entreprises était essentiel, et les dirigeants ont été présents tout au long du projet. »

2. Se doter d’un cadre de gouvernance clair et détaillé, c’est important.
Pour que la démarche apporte toute sa valeur, il fallait d’abord élaborer un cadre de gouvernance. Les partenaires ont mis en place une méthodologie afin de s’assurer de la pleine collaboration de tous. « Pour que la collaboration porte ses fruits, les deux groupes devaient être prêts à partager l’information et les idées en toute transparence. Nous avons nommé des chargés de projet dans chacune des usines et, pour plus d’impartialité, nous avons embauché d’un commun accord une personne de l’externe pour s’occuper de la coordination. Grâce à ces actions, nous sommes devenus de véritables partenaires dans ce projet. ».Les deux partenaires se sont également entendus sur certains éléments plus sensibles, comme la propriété intellectuelle. « L’information concernant des éléments techniques des produits devait rester confidentielle. Nous avons également convenu de ne pas tenter de recruter du personnel chez notre partenaire. »

3. Partager les mêmes besoins et viser les mêmes objectifs, ça aide.
Abipa International et Groupe Meloche sont peut-être des entreprises concurrentes, mais elles ont à vrai dire beaucoup de points en commun. Quand elles ont amorcé leur transformation numérique, les deux poursuivaient le même objectif : demeurer compétitives sur le marché mondial et soutenir leur croissance. « Pour répondre aux exigences de la clientèle, nous nous devons aujourd’hui d’atteindre l’excellence opérationnelle avec la livraison à temps, des produits de qualité de classe mondiale et un coût très compétitif, explique Rui Cabral, vice-président, Stratégie industrielle et directeur général à Abipa. Pour y arriver, nous avons amélioré notre productivité, augmenté notre taux de rendement global et stabilisé tous nos processus d’affaires. L’intégration de systèmes numériques et automatisés devenait aussi une priorité pour être en mesure d’exploiter nos usines sans interruption alors que la main-d’œuvre se fait rare. »

Groupe Meloche vivait la même réalité pour rester un leader dans son domaine. « Le fait que nous partageons les mêmes valeurs d’innovation et de culture organisationnelle axée sur la collaboration a grandement facilité les choses, ajoute Normand Sauvé. De plus, nos bases technologiques sont semblables. Nous utilisons le même système de planification des ressources d’entreprise et possédons des parcs de machines comparables, ce qui a changé la donne au moment de tester des solutions. » 

Le défi
En avançant dans leur transformation numérique, les deux entreprises rencontraient des défis, souvent similaires, et chacune s’interrogeait quant au choix des technologies à prioriser. Pour continuer d’innover, elles ont décidé de devenir partenaires dans la recherche de solutions.

La solution
Durant leur démarche de mutualisation, Abipa International et Groupe Meloche ont testé différentes technologies et stratégies 4.0 sous forme de preuves de concept pour déployer des solutions intégrées et optimisées. Au total, les entreprises ont mené six projets portant sur l’automatisation de l’acquisition des données de production, la planification avancée et la gestion des ressources, la géolocalisation de la matière, l’automatisation de l’acquisition de données sur la qualité, la gestion du capital informationnel et l’informatisation (bureau sans papier).

L’application
À la fin du projet, en mars 2022, pour chacune des preuves de concept, les deux entreprises ont pu déployer plusieurs solutions dans leurs usines. « Nous avons opté pour des pratiques ou des technologies différentes en fonction de nos besoins respectifs, mais elles ont toutes été testées en collaboration », affirme Rui Cabral.

« Grâce au projet de mutualisation, nous avons acquis les connaissances deux fois plus rapidement, que ce soit sur les systèmes ou les pratiques à mettre en place, et avancé vers l’industrie 4.0 à un rythme beaucoup plus rapide », souligne Normand Sauvé.

Depuis 2013, Abipa International, qui usine et assemble des pièces de moteurs d’avion, de trains d’atterrissage et de structures d’avion, a investi massivement dans des équipements de haute technologie avancée. Aujourd’hui, l’entreprise compte trois cellules automatisées qui sont composées de 18 machines. « C’est comme si nous avions créé une usine dans une usine, précise Rui Cabral. Ces cellules représentent 80 % de notre chiffre d’affaires. À peine 25 employés opèrent ces équipements sur cinq quarts de travail. » L’entreprise de Boisbriand, qui possède également des usines en France et au Maroc, prévoit acquérir cinq autres machines en 2023 qui seront intégrées aux cellules automatisées. Elle compte 130 employés à Boisbriand.

Groupe Meloche a amorcé sa transition vers le 4.0 en 2018 avec un plan numérique d’une durée de cinq ans. Aujourd’hui, l’entreprise fondée à Salaberry-de-Valleyfied en 1974 dispose d’un imposant parc-machines de plus de 60 centres d’usinage et de tournage CNC, dont une douzaine sont automatisés. L’entreprise, qui compte cinq sites de production, emploie plus de 300 personnes.

Les étapes clés d’une démarche d’innovation

• Définir les cibles d’innovation.
• Se doter d’un plan d’action.
• Cerner les problématiques susceptibles d’entraver la démarche et y remédier.
• Choisir son portefeuille de projets.
• Déterminer des livrables réalistes pour chacun.
• Trouver le financement nécessaire pour réaliser les projets.
• Développer les projets retenus.


Les conditions de succès

« Ce qui a grandement contribué au succès de la démarche, c’est que les deux entreprises avaient la même maturité sur le plan technologique et étaient prêtes à investir temps et argent, donc la collaboration a été facile, résume Normand Sauvé. Ensemble, nous avons réussi à trouver des solutions plus optimales pour chacune des entreprises en partageant nos points de vue et nos bonnes pratiques. Grâce à la mutualisation, le capital informationnel se multiplie automatiquement par deux. C’est peut-être plus rapide de travailler seul, mais on est plus susceptible de commettre des erreurs. À deux, il est possible d’aller beaucoup plus loin. »


La collaboration a même dépassé le cadre de la transformation numérique. « Avant de se lancer dans un autre projet d’envergure, nos équipes n’hésitent pas à se consulter pour recueillir des idées ou profiter de l’expérience des autres. Cette collaboration est possible en raison du véritable lien de confiance qui nous unit. ».


« Un autre avantage de la collaboration, c’est qu’elle ajoute de la rigueur dans le processus, affirme Rui Cabral. Nous nous sentions responsables de continuer pour ne pas abandonner notre partenaire. Nous devions aussi faire des suivis réguliers auprès du coordonnateur externe que nous avions choisi ensemble. Chaque mois, nous faisions état de nos avancées. Cela nous a aidés à poursuivre le travail malgré les obstacles. »

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